lundi 10 mars 2008
"Le Cuirassé Potemkine", Eisenstein, 1925 :
Ce film est célèbre pour plusieurs raisons ; non seulement pour ses techniques de tournage, pour son histoire, mais surtout pour son escalier (séquence qui dure 6 minutes).
Bien que l’histoire n’est pas réelle, sa force dramatique en a fait un des symboles de la révolution soviétique. L’escalier d’Odessa devint un mythe et une zone touristique incontournable.
Le film aurait-il eu autant d’impact sans cet élément ? Il semble que non, que l’un et l’autre sont indissociables.
Cet escalier majestueux a différentes symboliques : angoisse, oppression et peur, social, mythique.
Tout d’abord, la notion de peur et d’angoisse, avec cette célèbre scène du landau qui dévale l’escalier (qui sera reprise plus tard par de Palma dans son film « Les Incorruptibles »). Cette scène est conçue avec une implacable froideur et condense l’ensemble de l’action.
Eisenstein utilise la dynamique de l’escalier menaçant qui mène de la ville à la mer :
«…marche par marche, l’action galope vers le bas, mue par une escalade de qualités en qualités, pour atteindre une intensité profonde, une dimension toujours plus large » (Eisenstein)
Des méthodes de tournage neuves, comme le travelling, sont utilisées. La caméra part d’en haut à gauche et descend en alternant gros plans et plans séquence, ce qui allonge la désorganisation du récit et renforce l'inquiétude.
Et pour donner encore plus d'expression, la caméra suit ensuite, une femme qui remonte et immobilise le trajet descendant de la caméra.
Malgré que ce document ne soit que simple invention, elle possède une démarche historique et dresse un espoir qui se soulève face au pouvoir tsariste. L’imagination anticipe la réalité et engendre à partir d’un simple élément de décor, un lieu mythique.
L’escalier a aussi une symbolique sociale, représentée ici, par les soldats tsaristes, évoquant le pouvoir puissant du pays, l’autorité, en haut et le peuple, plus bas, éparpillé sur les marches. Les soldats, le pouvoir viennent terrifier l’escalier (et donc par conséquent, le peuple) dans sa descente.
L’escalier est donc la métaphore la plus représentative de la relation entre le pouvoir puissant et le peuple soumis.
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