mardi 18 mars 2008
"The Haunting", Jan de Bont, 1999 :
En ce qui concerne les escaliers représentant la double hélice de l’ADN,
nous pouvons en retrouver un exemple également dans le film « Hantise »
Le Chef décorateur Eugenio Zanetti y rend une image presque diabolique avec des décors somptueux, distincts, mixtes et très mystérieux. Ceux-ci doivent être étouffants tout en donnant l’illusion d’immensité où chaque personnage peut se perdre physiquement et psychologiquement.
L’escalier dans la verrière, est un double escalier colimaçon qui s’enroule sur lui-même. Il est en fer forgé et possède une structure en dentelle.
Son aspect rappelle la double hélice de l’ADN, et son apparence légère,
fragile, qui va se rompre sous le poids d’un des acteurs, représentera la délicatesse et la complexité de la manipulation génétique et psychique.
Plus tôt dans le film, un escalier attire déjà brièvement notre attention. Il s’agit du grand escalier qui se trouve dans l’immense hall – salon.
Nous sommes face, dans un premier temps, à un escalier de type hiérarchique, qui présentait la fortune du propriétaire des lieux. Grandeur, nombreux détails qui l’habille comme le tapis rouge sur les marche (signe de prestige, de noblesse, de richesse), les statues en haut et en bas des marche, les matériaux utilisés (de la pierre),…
En haut des marches, se trouve un immense portrait de Hugh Crain, l’ancien propriétaire des lieux (qui hante la demeure), symbole de sa puissance, il est toujours le maître dans sa maison.
Lors de son arrivée à Hill House, une des invitées (-patientes), Lili, suit la gouvernante de la maison et se trouve face à ce tableau. Ce sera son premier contact avec Hugh Crain.
Par la suite, on la retrouvera, possédée, en haut de marches. Le fantôme du maître des lieux étant sorti du portrait.
mercredi 12 mars 2008
"Bienvenue à Gattaca", Andrew Niccol, 1997 :
Dans ce long-métrage, nous sommes face à deux escaliers à grande symbolique.
Un escalator, qui ne peut être monté que par l’élite, les « Valides », ceux qui ont un code génétique parfait. Une sélection se fait au pied de celui-ci par analyse de l’ADN des utilisateurs.
Les « Invalides », ceux qui sont né « naturellement », sans manipulation génétique, n’y ont pas accès sauf, à la fin des heures de travail, pour nettoyer, sous surveillance, les bureaux des élus.
On peut aussi noter que l’escalator représente une contrainte plus forte que l’escalier. En effet, l’escalier nous laisse encore le choix de monter ou de descendre, (de s’arrêter également si on le désire. Je l’expliquerai dans un autre article). Par contre, l’escalator nous impose le sens dans lequel on doit l’emprunter, soit la montée, soit la descente. Bien des fois, par amusement des enfants, ou alors dans les films, lors de courses poursuites, l’escalator est pris à contre-sens. A ce moment, cette personne doit user de beaucoup plus d’énergie pour contrer le mouvement imposé.
L’autre est un escalier en colimaçon, qui représente l’hélice d’ADN. Sujet principal du film, il est justement question de génétique. Cet escalier fait partie de la maison d’un élite qui a perdu l’usage des ses jambes. Il ne peux le gravir, alors que son ADN lui promettait force, intelligence, aucune maladie, une longue vie brillante,…
Par contre, un « Invalide », qui prendra son identité et vivra avec lui, saura gravir ces marches, alors qu’il était prédestiné à une courte vie, faite de chute, de maladie,…
Cet escalier est donc la symbolique parfaite de la manipulation génétique du 20ème siècle et de ceux à venir.
Pour accentuer cette métaphore, le réalisateur met en scène, une confrontation entre l’élu, Jérôme, infirme et ces fameuses marches. Pour éviter que l’imposture soit démasquée, mais aussi peut-être pour sauver Vincent, son « double », il devra gravir ces marches. On peut y voir une métaphore de Jérôme battant contre le principe de la société dans laquelle il vit : la manipulation génétique. A ce moment, y aurait-il une dose d’humanité, de « naturel » en cet homme totalement créé génétiquement ?Se bat-il contre son ADN ? Est-ce que l’escalier en colimaçon est-il chez lui pour lui rappeler ses origines ?
mardi 11 mars 2008
"Métropolis", Fritz Lang, 1927 :
La conception de la ville de Lang est très proche de celle des expressionnistes.
Lieu de l’exagération, la cité, de nature assez pessimiste, divise les hommes au lieu de les réunir.
Tout y est immensité, gigantisme.
Lang s’est inspiré de la ville de New York, notamment de la verticalité de Manhattan.
Nous pouvons y comparer les éléments architecturaux et les relations sociales que rappelle la ville : opposition entre ville haute et ville basse (souterraine).
Cette évocation de haut – bas peut déjà un peu rappeler la symbolique de l’escalier, le passage de différents niveaux.
« Métropolis » a été réalisé dans les années où le courant expressionniste prenait le dessus. Cependant, Fritz Lang refuse d’être catégorisé comme tel. Néanmoins quelques similitudes nous permettent de faire un rapprochement avec le cinéma expressionniste.
Ce genre privilégie le thème de la ville et refuse tout décor naturel. De plus, la cité possède un bon nombre de lieux de passage, de rencontre, dont notamment des escaliers. Les expressionnistes favorisent ces lieux pour y jouer l’action.
L’éclat architectural des décors est propre à Fritz Lang.
De par leur ampleur et leur grande proportion, les escaliers, les grilles et les bâtiments énoncent le sort dramatique de l’humanité. L’homme est prisonnier de son destin, autre symbolique que peut représenter les escaliers. Certains de ceux-ci semblent comme une cage dans laquelle on se retrouve enfermé.
La tension est forte, nous ne sommes pas libres, le choix est limité : descendre ou monter.
Les décors sont très importants dans la reproduction de l’espace. Leur dimension, leur teinte ou leur forme architectural forment des facteurs agissant sur ces diverses expressions.
Joints de mouvements de masse, les décors sont caractéristiques de la scène expressionniste.
Dans ce cas-ci, nous pouvons admirer le grand escalier centrale de la salle des machines par où déferlent les ouvriers et où, par la suite, ils manifesteront, devant un contremaître dominant celui-ci.
Cet escalier imposant pas sa masse est en quelque sorte l’élément le plus représentatif de l’opposition entre ville haute et ville basse. En haut le contremaître qui domine, en bas, les ouvriers. Nous sommes donc en présence d’un escalier hiérarchique, représentant l’opposition sociale qui sépare les différentes classes.
Les escaliers hiérarchiques :
«Toute accession à une haute fonction emprunte un escalier tortueux.»
[Francis Bacon] - Extrait des Essais
«Pour gravir un échelon dans la hiérarchie, il faut souvent passer par l'escalier de service.»
Yvan Audouard
L’escalier va plus loin que son rôle fonctionnel et que sa technique. Il façonne la proportion, le lien de l’homme à l’espace. Caractère d’une distinction, expression du pouvoir, il représente la classe sociale dominante. Nombreuses sont les citations reprenant cette symbolique : « Monter en grade », « Gravir les échelons de la hiérarchie », « Monter sur le trône »….Autant d’expressions qui mettent en évidence la domination de certains, une supériorité sociale ou intellectuelle.
Cette symbolique apparaît également au cinéma.
En voici quelques exemples : « Métropolis », « Le Cuirassé de Potemkine », « Bienvenue à Gattaca », « Cendrillon », …
[Francis Bacon] - Extrait des Essais
«Pour gravir un échelon dans la hiérarchie, il faut souvent passer par l'escalier de service.»
Yvan Audouard
L’escalier va plus loin que son rôle fonctionnel et que sa technique. Il façonne la proportion, le lien de l’homme à l’espace. Caractère d’une distinction, expression du pouvoir, il représente la classe sociale dominante. Nombreuses sont les citations reprenant cette symbolique : « Monter en grade », « Gravir les échelons de la hiérarchie », « Monter sur le trône »….Autant d’expressions qui mettent en évidence la domination de certains, une supériorité sociale ou intellectuelle.
Cette symbolique apparaît également au cinéma.
En voici quelques exemples : « Métropolis », « Le Cuirassé de Potemkine », « Bienvenue à Gattaca », « Cendrillon », …
"Nu descendant l'escalier, N°2", Marcel Duchamp, 1912 :
Quand on parle d’escalier, on pense tout de suite à un lieu de passage, un lieu dans lequel on est en mouvement. Cette notion de déplacement a été fortement exploitée. En effet, les escaliers permettent un jeu avec celui-ci, et notamment sa décomposition. L’univers du cinéma n’a d’ailleurs pas été le seul à y faire allusion. L’art pictural, avec notamment Marcel Duchamp et son célèbre « Nu descendant l’escalier » l’ont également utilisé. Nous pouvons y admirer l’étude de la dissociation du mouvement d’une femme descendant les marches, tel un film au ralenti.
Le temps aussi, est traité dans ces scènes d’escaliers. Qu’il soit stopper, accélérer, pour gagner ou perdre du temps, il peut subir de nombreuses variations dans cet
élément de décor et jouer sur le sens dramatique de la situation.
"The Untouchables", Brian de Palma, 1987 :
Dans son film, Brian de Palma tourne plusieurs scènes d’escaliers, à forte consonance imagée.
Dès le début, le héros est confronté à un escalier symbolisant la chute, la déchéance, …
Eliot Ness, grand détective qui se bat contre la prohibition, est sur le point de faire un gros coup, qui pourrait être bon pour sa carrière. Malheureusement pour lui, Al Capone lui joue un mauvais tour et le jeune détective, devant les journalistes, qui devaient immortaliser ce moment de gloire, est ridiculisé. A la suite de cela, une scène montre Eliot Ness, qui descend les escaliers le long d’un quai. Cette descente est filmée dans son entièreté, pour intensifier cette notion de déchéance. Le lendemain les journaux annonçaient la dégringolade du héros.
Dans une deuxième scène, on se retrouve confronté à un escalier avec une symbolique sociale, exprimant le pouvoir.
Il s’agit de celui d’un grand hôtel, dans lequel séjournent des personnes de classe élevée, et entre autre Al Capone. Celui-ci va s’y retrouver confronté au jeune détective. Dans cette scène, on perçoit donc un Al Capone, dans un moment du film où il prend le dessus, en haut de l’escalier de l’hôtel ; et le jeune détective, beaucoup moins riche, et qui plus est, a subit une grande perte humaine, en bas des marches. Al Capone domine Eliott Ness.
Troisième escalier, celui de l’opéra, est purement de parade. Il est de coutume de s’y exhiber pour montrer qu’on a des sous. C’est pour cette raison que Al Capone se fait, fièrement, interviewé dans cette escalier de parade.
Mais la plus mémorable reste sans aucun doute, celle dans la gare de Chicago, à la fin du film.
Cette scène rend hommage au film d’Eisenstein, « Le Cuirassé Potemkine », avec la célèbre descente vertigineuse du landau.
Mais est-ce que ces deux scènes similaires ont-elles le même impact ?
Nous sommes au cœur d’une bagarre sanglante entre Eliott Ness et les hommes d’Al Capone.
Ce combat se déroule dans ces fameux escaliers de la gare.
Pour intensifier le stress de cette scène, de Palma y ajoute un landau qui dévale les marches.
Cette scène a moins d’impact que dans « Le Cuirassé de Potemkine ».
Dans le film d’Eisenstein, nous sommes confronté à une révolution dans laquelle le peuple va se faire massacrer. Le landau tombe à la suite de l’assassinat de la mère en haut des marches. Personne n’arrivera à rattraper ce landau, ce qui rend la scène plus tragique , plus forte que dans « Les Incorruptibles ».
Vous pouvez voir un extrait vidéo de la scène en cliquant dans les liens.
Il semblerait que Brian de Palma n'ai pas été le seul à rendre hommage à Eisenstein et sa célèbre scène des escaliers du Cuirassé de Potemkine.
Exemple, la série Ergo Proxy de Dai Sato, à vérifier!
Dès le début, le héros est confronté à un escalier symbolisant la chute, la déchéance, …
Eliot Ness, grand détective qui se bat contre la prohibition, est sur le point de faire un gros coup, qui pourrait être bon pour sa carrière. Malheureusement pour lui, Al Capone lui joue un mauvais tour et le jeune détective, devant les journalistes, qui devaient immortaliser ce moment de gloire, est ridiculisé. A la suite de cela, une scène montre Eliot Ness, qui descend les escaliers le long d’un quai. Cette descente est filmée dans son entièreté, pour intensifier cette notion de déchéance. Le lendemain les journaux annonçaient la dégringolade du héros.
Dans une deuxième scène, on se retrouve confronté à un escalier avec une symbolique sociale, exprimant le pouvoir.
Il s’agit de celui d’un grand hôtel, dans lequel séjournent des personnes de classe élevée, et entre autre Al Capone. Celui-ci va s’y retrouver confronté au jeune détective. Dans cette scène, on perçoit donc un Al Capone, dans un moment du film où il prend le dessus, en haut de l’escalier de l’hôtel ; et le jeune détective, beaucoup moins riche, et qui plus est, a subit une grande perte humaine, en bas des marches. Al Capone domine Eliott Ness.
Troisième escalier, celui de l’opéra, est purement de parade. Il est de coutume de s’y exhiber pour montrer qu’on a des sous. C’est pour cette raison que Al Capone se fait, fièrement, interviewé dans cette escalier de parade.
Mais la plus mémorable reste sans aucun doute, celle dans la gare de Chicago, à la fin du film.
Cette scène rend hommage au film d’Eisenstein, « Le Cuirassé Potemkine », avec la célèbre descente vertigineuse du landau.
Mais est-ce que ces deux scènes similaires ont-elles le même impact ?
Nous sommes au cœur d’une bagarre sanglante entre Eliott Ness et les hommes d’Al Capone.
Ce combat se déroule dans ces fameux escaliers de la gare.
Pour intensifier le stress de cette scène, de Palma y ajoute un landau qui dévale les marches.
Cette scène a moins d’impact que dans « Le Cuirassé de Potemkine ».
Dans le film d’Eisenstein, nous sommes confronté à une révolution dans laquelle le peuple va se faire massacrer. Le landau tombe à la suite de l’assassinat de la mère en haut des marches. Personne n’arrivera à rattraper ce landau, ce qui rend la scène plus tragique , plus forte que dans « Les Incorruptibles ».
Vous pouvez voir un extrait vidéo de la scène en cliquant dans les liens.
Il semblerait que Brian de Palma n'ai pas été le seul à rendre hommage à Eisenstein et sa célèbre scène des escaliers du Cuirassé de Potemkine.
Exemple, la série Ergo Proxy de Dai Sato, à vérifier!
lundi 10 mars 2008
"Le Cuirassé Potemkine", Eisenstein, 1925 :
Ce film est célèbre pour plusieurs raisons ; non seulement pour ses techniques de tournage, pour son histoire, mais surtout pour son escalier (séquence qui dure 6 minutes).
Bien que l’histoire n’est pas réelle, sa force dramatique en a fait un des symboles de la révolution soviétique. L’escalier d’Odessa devint un mythe et une zone touristique incontournable.
Le film aurait-il eu autant d’impact sans cet élément ? Il semble que non, que l’un et l’autre sont indissociables.
Cet escalier majestueux a différentes symboliques : angoisse, oppression et peur, social, mythique.
Tout d’abord, la notion de peur et d’angoisse, avec cette célèbre scène du landau qui dévale l’escalier (qui sera reprise plus tard par de Palma dans son film « Les Incorruptibles »). Cette scène est conçue avec une implacable froideur et condense l’ensemble de l’action.
Eisenstein utilise la dynamique de l’escalier menaçant qui mène de la ville à la mer :
«…marche par marche, l’action galope vers le bas, mue par une escalade de qualités en qualités, pour atteindre une intensité profonde, une dimension toujours plus large » (Eisenstein)
Des méthodes de tournage neuves, comme le travelling, sont utilisées. La caméra part d’en haut à gauche et descend en alternant gros plans et plans séquence, ce qui allonge la désorganisation du récit et renforce l'inquiétude.
Et pour donner encore plus d'expression, la caméra suit ensuite, une femme qui remonte et immobilise le trajet descendant de la caméra.
Malgré que ce document ne soit que simple invention, elle possède une démarche historique et dresse un espoir qui se soulève face au pouvoir tsariste. L’imagination anticipe la réalité et engendre à partir d’un simple élément de décor, un lieu mythique.
L’escalier a aussi une symbolique sociale, représentée ici, par les soldats tsaristes, évoquant le pouvoir puissant du pays, l’autorité, en haut et le peuple, plus bas, éparpillé sur les marches. Les soldats, le pouvoir viennent terrifier l’escalier (et donc par conséquent, le peuple) dans sa descente.
L’escalier est donc la métaphore la plus représentative de la relation entre le pouvoir puissant et le peuple soumis.
"Incassable", M.Night Shyamalan, 2000 :
Dans « Incassable » , c’est la descente qui est mise en évidence mais sous forme de chute, pour relever encore plus l’handicape du personnage, sa fragilité.
Il est plus difficile et dangereux pour lui, de descendre l’escalier que de le monter.
Le cinéaste n’a pas pris n’importe quel escalier. Mais celui menant sur le quai du métro. Celui-ci a la particularité d’être en métal, avec des bords de marches tranchants ; ce qui accentue le contraste entre le personnage fragile et l’escalier dur et dangereux.
Lors de la chute, la caméra suit la canne du héros qui se détruit sur ces marches acérées. Ceci, afin de mettre l’accent, non pas sur le héros, mais sur la symbolique de cette scène et les objets qui deviennent alors les acteurs principaux.
La canne en verre, qui se brise, est la métaphore du héros, fragilisé par son handicap, qui se brise en mille morceaux à la moindre chute. L’escalier symbolise, quant à lui, la vie de tous les jours du personnage, faite de nombreuses embûches. Chaque moment qu’il vit, chaque mouvement qu’il fait , est un danger comme le représente chaque marche tranchante de cet escalier.
Même la rampe, qui, d’habitude, représente la sécurité, n’est, dans ce cas, pas très rassurante. Elle est froide, insignifiante, elle ne donne pas envie d’être empoignée.
mercredi 5 mars 2008
"Signes", M.Night Shyamalan, 2002 :
Dans « Signes » , il s’agit de l’escalier menant à la cave. Mais paradoxalement, il n’est pas filmé comme de coutume, dans sa descente.
Au contraire, un des personnages est filmé en train de monter, de se diriger vers la lumière.
Dans ce cas-ci, il ne s’agit pas de l’éternel escalier sombre qui mène à la cave, symbolisant la peur, la frayeur des monstres d’en bas. Certes, une tension se fait ressentir lors de la montée : qu’il y a t’il en haut ? Les extraterrestres sont-ils toujours là ?
Mais nous sortons de l’ombre pour nous diriger vers la lumière, message d’espoir, de libération, de victoire. La lumière rassure. De, plus, celle-ci passe à travers une fenêtre obstruée par un panneau percé de lune et d’étoile. Est-ce que cela fait référence aux extraterrestres qui ont envahit la maison et qui se trouve à l’étage ? Ou est-ce un rappel au métier de prêtre de Graham Hess ?
Mais on ne s’attend pas à ce qu’il y a en haut.
"The Sixth Sense", M.Night Shyamalan, 1999 :
Cette passion de l’escalier, de cet élément de décor incontournable en tant qu’acteur, ne se retrouve pas seulement chez Hitchcock.
Bon nombre de cinéastes en ont été séduit, comme par exemple M. Night Shyamalan.
Dans ses films, il y a toujours bien plus à voir que ce qu’une première image pourrait laisser méditer. Ces plans en apparence sommaires sont vigoureusement messagers de symboles, de renseignements sur l'intrigue et la nature du héros.
Dans ce cas-ci, il y a une certaine froideur avec des lignes de fuites, des axes de symétrie,…
Les escaliers y sont le symbole d’un passage à un autre niveau, celui de la conscience ou de l’existence. Ils mènent vers un autre lieu, réel ou imaginaire.
Pour citer quelques exemples, « Sixième Sens », dans lequel un ballon s’envole dans un escalier en colimaçon.
Que signifie-t-il ?
Le passage du petit garçon, héros du film, du conscient vers l’inconscient, du monde des vivants vers celui des morts, avec qui il communique. C’est pour cette raison qu’un escalier en colimaçon a été utilisé.
Combien de fois ne nous sommes nous pas retrouvés dans l’un de ces escaliers et avoir une sensation de vertige, de tournis, qui nous oblige de s’arrêter un bref instant pour reprendre ses esprits.
Souvent, ces escaliers sont des passages obligés et à sens unique.
Comme dans « Nosferatu » de Murnau ou encore les films d’Hitchcock, les ombres du décors mais aussi des acteurs sont mises en valeur.
Dans ce cas-ci, c’est l’ombre du petit garçon, ainsi que celle de la rampe d’escalier qui apparaissent. Encore une fois, l’ombre de la rampe symbolise l ‘emprise du pouvoir sur ce jeune homme, il en est prisonnier. Des voix l’appellent en haut, il se sent comme obligé de monter, il ne peut résister à cet appel. La projection du décor représente l’inconscient tourmenté,
L’ombre du garçon projetée sur le mur symbolise son inconscient, qui se détache de plus en plus de lui lorsque ces voix l’appelle.
Ce jeu d’ombres crée une certaine tension.
Monter ou descendre ? :
Dans « Sixième Sens », le petit garçon monte l’escalier, lentement. Toute son ascension est filmée, symbolisant la progression de son esprit vers ce monde irréel de l’au-delà.
S’il avait descendu l’escalier, la symbolique n’aurait pas été la même ; il aurait peut-être été question de fuite, de peur.
mardi 4 mars 2008
"Psycho", Hitchcock, 1960 :
Nous ne pouvons ne pas évoquer le film « Psycho », sans doute un des plus grands chefs-d’œuvre d’Hitchcock.
Même dans ce film, très connu, au suspense incontestable, Hitchcock n’a pas hésité à y inclure un de ses éléments de décor préféré : l’escalier.
Il s’agit de celui de la maison de Norman et de sa « mère ». Et à plusieurs reprises, il y mêlera suspense, doute, questionnement, surprise, peur,…
Tout d’abord, quand le détective se fait assassiner. Ce n’est pas simplement dans une pièce quelconque, c’est précisément dans cet escalier en bois.
En effet, le détective était proche du but. Il allait découvrir le secret de Norman en gravissant ces marches. Une fois, en haut, il aurait découvert la vérité. Mais cela ne pouvait se faire. Au moment d’atteindre la dernière marche, il se fait assassiner. Cet escalier qui mène à la vérité, sera sa chute.
Et nous tomberons avec lui, ce ne sera pas maintenant qu’on apprendra le secret.
Seconde scène : quand l’escalier est filmé en contre-plongée pendant qu’on entend une dispute entre Norman et « Mère ». A ce moment du film, le spectateur ne peut pas encore savoir la vérité par rapport à ces 2 personnages. Le suspense est intensifié par cette vision de l’escalier, à la fois rassurant mais angoissant. Qu’il y a-t-il en haut ? Pourquoi ne pouvons-nous pas monter ? Qui est « Mère » ?
Autre scène très symbolique : quand Norma descend « Mère » à la cave. Cette scène est filmée du dessus. On ne verra pas le visage de la maman du personnage principal. On ne rentre pas non plus dans la chambre, où se trouvait cette vieille dame. Seul l’escalier nous y fait référence. Le fait que Norman descend « Mère » en la portant vers la cave, symbolise l’enterrement, le fait d’aller sous terre, il se livre à un exorcisme.
Enfin et comme dans beaucoup de films, l’escalier représente l’enfermement. On n’a pas beaucoup de choix : monter ou descendre. Les barreaux de la rampe renforce encore cette idée de prison. Le spectateur doit deviner tous
les messages, communiqués dans le film, pour déchiffrer le destin des personnages. Norman est « prisonnier » de sa folie, « Mère » est « retenue » par son fils et ne peut reposer en paix, le détective ne pourra accéder à la vérité,…
Que des sous-entendus en rapport avec l’enfermement.
L’escalier : escalier en bois, dont les marches sont recouvertes d’un tapis. La rampe a des barreaux travaillés. Les murs sont recouvert d’un papier peint à fines rayures, en réponse à la rampe. Des tableaux y sont accrochés. La maison est habitée.
Il y a tout d’abord un côté rassurant dans cet escalier : l’escalier est droit, facile à monter, la rampe, qui sécurise dans un premier temps, le tapis protège des marches en bois aux bords « tranchants »,…on y a le sentiment d’un certain confort.
Pourtant, une certaine angoisse se fait ressentir, qu’il y a-t-il en haut ?
L’obscurité du grand escalier, qui conduit à la chambre mortuaire de la mère du psychopathe, offre une illusion quasi expressionniste. La réalité s’évanouit au profit de l’ombre, du mystère et de l’angoisse. Le public attend l’irruption de l’événement surnaturel qui se situe souvent hors cadre.
"Vertigo", Hitchcock , 1958 :
Déjà le titre « Vertigo », vertige, reflète l’atmosphère du film. Mais comment le cinéma peut-il exprimer le vertige et les états intimes, et les faire percevoir aux spectateurs ?
Hitchcock joue avec l’horizontalité mais aussi et surtout avec la verticalité des scènes du film. Cette dernière va apporter tout son sens au vertige : contre-plongée sur Madeleine montant l’escalier, plongée sur Scottie à sa recherche. La spirale de l’escalier y consolide le sens du titre du film et le rappelle dans les vrilles captivantes du générique.
Le vertige est fortement senti à travers le personnage de Scottie, qui est effrayé, simplement par le fait de gravir l’escalier lorsqu’il est à la poursuite de Madeleine .
Tout le film tourne alors autour d’une seule question : « Va-t-il parvenir à monter ? »
L’escalier est comme une épreuve, une impasse, dans lequel l’acteur est séquestré.
L’ampleur de l’architecture y est privilégiée par rapport à l’image humaine.
L’escalier en spirale accroît ce sentiment d’étourdissement. Il symbolise aussi un vide dans lequel on peut chuter et basculer du réel vers l’imaginaire.
La spirale revient sans arrêt comme un refrain, le chignon des femmes, l’escalier,…. Elle rappelle le parcours de la vie et engendre le vertige.
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